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La liberté

Publié le par grégory

  1. Le corps et l’âme sont indissociables

On accorde couramment le privilège de la liberté à un être qui n’est pas attaché à des obligations. On fait ce que l’on veut en raison de l’absence d’une volonté qui serait contraire à la nôtre. Mais qui sait ce qu’il ferait si rien n’était empêché ? Sans aucun maître qui ordonne, il se peut que l’on soit tout simplement déstabilisé. Les rêves de naguère, s’imaginant être le détenteur de tout pouvoir, ne pourraient s’accomplir s’il on ne trouve aucun frein. Ce serait comme goûter au plaisir d’une nourriture onctueuse, sans se soucier de ce qu’elle apporte en valeurs calorifiques. Je veux dire qu'il y a toujours un rapport, qu'on le veuille ou non, entre le plaisir et les besoins du corps.

Ce corps qui, en même temps d’être une prison me rend libre, n’est-il pas aussi ce qui m’apporte du sens pour ce que j'entreprends? Je choisi mon alimentation en fonction d’un équilibre vital, sans me plaindre – au contraire. Je me protège contre les dangers extérieurs en restant sous mon toit, me mets en sécurité tout en éprouvant un moment de bonheur à être épargné des intempéries, me blottissant contre un feu. Et qu’est-ce qui me fait choisir sinon le ventre, mes os, mais aussi mon âme ? A ce stade on a l’impression de n’être qu’un estomac, de la chair. La réalité est bien tout autre. Mon esprit y est également pour beaucoup. Cette liberté s’étend bien au-delà des besoins, occasionnant les désirs dont mon âme est friande.

Je crois ainsi vouloir me débarrasser de ce qui me gène, alors que c’est par ce côté dérangeant, dont je suis tributaire, que s’exprime toute ma liberté. Plus loin, quand il s’agit de décider de la composition, j’imagine encore ne pas avoir été contraint. C’est encore une erreur de le croire. Ce qui me permet de ressentir tel effet je ne le décide pas complètement non plus. Cela ne provient-il pas d’une culture, d’un mode de vie, du contexte, de l’heure et du moment aussi ? Pire, ce goût que le produit me procure, d’où me vient-il précisément ? Pourquoi aimer ceci et non pas cela ?

On me dit que c’est l’organisme qui l’ordonne. Mais il n’est pas certain que mon organisme soit l’unique cause de ce que je goûte. Une part de moi y dresse un verdict, participant depuis le début à cette sélection qui passe pour naturelle. Je prends goût à ce qui est bon pour moi, "dans son intégralité". Mieux : Dans la chaîne des nécessités, l’individu se fraie un chemin singulier. C’est grâce à cette série des injonctions, tant sur le plan physique que moral et psychologique, que ma personne compose ce qu’elle mettra dans son assiette. La liberté se confond avec l’absence de tout choix, sans jamais être annihilée.

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