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Lettre d'enseignement au Pape

Publié le par Van der Schuren

 

 

Lettre d’enseignement au Pape

 

 

 

Cher Monsieur,

 

Que signifie au juste l’idée d’être homosexuel de naissance ? Il ne s’agit pas tant essentiellement de défendre ici que l’on ne souffre pas de folie lorsque l’on est atteint de ce syndrome, que ce qu’il est possible de décrire au sujet de l’attirance pour un corps similaire au mien, et qui ne relève pas de la psychiatrie. Le psychiatre ne connait ni ne peut rien face à cette question. Faut-il rappeler sans cesse que cette profession consiste à s’attaquer au cerveau et jamais à l’individu, et ce qu’il y a en chacun de nous en matière psychologique ? Ce sont des médecins, pour qui les propriétés de l’être que je suis doivent être expliquées à la lumière des lois qui gouvernent les propriétés physiques du corps… Il en va de même pour la psychologie, bien que moins accepté des professionnels de la santé. Les lois qui régissent la psychè sont, faut-il vous rappeler, d’un autre ordre… Demandez…, je vous l’expliquerai en profondeur. Bref, mieux vaux montrer où se situe l’erreur d’interprétation pour ce qui définie un sujet, une personne, un individu à part entière, et surtout pour ce qui procure du plaisir à ce que chacun aime dans le corps de l’autre, chez l’autre…

Ce qui est qualifié de déviance dans les pratiques homosexuelles vient en effet d’une erreur d’interprétation, très cher pontife. L’argument implique que se seraient des propriétés physiologiques, génétiques, peut-être organiques, qui génèrent et articulent les tendances affectives – qui devraient normalement permettre la procréation. Quoi de plus juste, si toutefois on ne dissocie pas l’amour attachant deux êtres par le cœur, les sentiments, de ce qui permet de se reproduire ? Une autre question consisterait à savoir ce que l’on fait de la dimension spirituelle qui, ne suivant pas forcément les mêmes règles qui gouvernent le corps, vont suivre d’autres principes que connait la vie ?

En contre partie, votre morale suppose qu’il existerait un ordre immuable à suivre dans notre conduite ; tandis que la réalité montre des changements auxquels il vous serait profitable de vous adapter.

Sincèrement, il n’y a pas grande différence, entre éprouver des sensations divines avec une personne d’un autre rang social ou une autre conviction, mais d’un sexe différent (pour une personne hétérosexuelle aimant par exemple un être dont la religion diffère), d’une part ; qu’avec un genre semblable, d’autre part, pour ce qui relève de la pratique homosexuelle. Vous voyez bien combien les Sociétés mutes, puisque ces ouvertures se font de plus en plus nombreuses – bien que rencontrant beaucoup de difficultés dans la confrontation avec le peuple, les familles, les mœurs. N’ajoutez pas à cette ignorance des gens souvent violent par leur discrimination une agressivité supplémentaire !

En effet, comme il est souvent difficile pour les familles d’admettre l’une ou l’autre des situations adverse, je demande :

  1. Où commence la discrimination ?
  2. Où se termine la normalité ?
  3. A quel moment peut-on se considérer comme voulant changer les mœurs qui conduisent à des phénomènes de violence ? Où doit finir l’ouverture et l’altruisme pour ne pas entériner les valeurs d’un peuple ?

Il apparaît que ces différentes questions vous ne vous les posez pas !, préférant afficher un visage de tolérance qui, par un lapsus révélateur, ne peut servir l’hypocrisie plus longtemps.

A propos de ce que vous affichez, justement, vous précisez que ce n’est pas à nous d’en juger : le pensez-vous vraiment ? Je présume qu’il serait bien de ne pas jouer sur les mots. La référence à la psychiatrie ayant été retirée, il figure toutefois des signes annonciateurs de votre conviction profonde lorsque vous utilisez les expressions : « il faut prier pour eux », « demander de l’aide », « c’est un défi sérieux ». Les mots invitent bien à s’interroger sur ce qu’il convient de faire dans une telle situation ou de ne pas approuver, etc. Imaginons qu’on soutienne le même ordre d’idée concernant la religion. J’aurai à mes côtés une personne se rendant régulièrement dans un lieu saint désireuse de se racheter de ses pêchés. Je devrais prier pour qu’elle s’écarte de toutes églises, relever le grand défi de lui faire reprendre raison et demander de l’aide autour de moi afin qu’elle cesse de se vouer à des cultes. Que voudrais-je insinuer par là, sinon que cette personne est sous l’influence du mal ? Qu’il me faut la délivrer de ces penchants ? Dans un tel cas de figure, je jugerai…

Or, que nous dit la réalité, sinon qu’on le constate de plus en plus dans nos Sociétés ? Peut-être que cette tendance homosexuelle est inscrite en chacun de nous, vous et moi y compris, sauf que l’on ne l’aura pas, pour une raison inconnue ce jour, honorée. Je suppose que la vie en aura décidé autrement ! De la à dire que ce n’est pas de notre faute, qu’il est probablement possible d’agir sur les plus jeune afin d’espérer qu’ils regagnent les bonnes résolutions, c’est aller très loin dans l’affirmation d’un but, d’une finalité voulue par un Dieu – et qui reste entre nous qu’une interprétation fallacieuse et désinvolte à l’égard de Dieu. Cependant, ce propos, vous le défendez grâce aux valeurs établies par nos laboratoires remplies de chercheurs ?

Ce qui me fait craindre quelque chose dans cette façon de s’y appuyer, c’est que vous allez sur le même terrain que les scientifiques ! Ces derniers affirment bien que l’on observe dans l’homosexualité des causes externes – qui ne sont pas de notre volonté et que l’on y peut pour rien. Ce terrain est encore une fois « glissant », renvoyant l’un et l’autre exactement la même idée, à savoir que ceci est inscrit dans notre nature biologique – alimentant les débats et la discorde !! Sous cet angle, science et religion ne font qu’un, ce qui ne permet plus de vous tenir derrière des systèmes théoriques, qui n’explique rein en définitif, car renvoyés dos à dos chacun à l’art de déplacer les problèmes en fonction d’une simple croyance. Soit :

  1. Les religieux restent persuadés de cet égarement et ne supporte que difficilement, voire rarement que l’on puisse n’être pas conforme. Ils s’opposent parfois de manière farouche à ce qui ne serait qu’un caprice de l’humanité : ça se lie dans leurs yeux quand ils accordent leur pardon. Par conséquent, ils engendrent l’exclusion.
  2. Les scientifiques l’acceptent plus facilement, mais l’explication qu’ils fournissent n’est guerre plus profitable aux LGBT, car le tableau sur lequel se fondent leur compréhension repose sur un dérèglement biologique. Voulant jouer les défenseurs de la Sociétés moderne, ils enfoncent le clou.
  3. Le peuple reste réfractaire en raison d’une mentalité, certes archaïque, mais confortée par les deux schèmes précédents.
  4. Pour terminer, on peut se demander si les homosexuels eux-mêmes n’entretiennent pas le vice, se réfugiant dans le réconfort d’entendre que ce « n’est pas de leur faute » - ce qui par ailleurs est parfaitement vrai ? Pour aller un peu plus loin, ne devions-nous pas interroger plus en profondeur ce qui nous détermine et aussi quelle est notre part de liberté pour ce qui se révèle dans ce que nous sommes ? Cette question est délicate, s’y confronter revenant à observer d’un peu plus près ce que réclame notre âme inscrite dans ce corps biologique.

En fin de compte, lorsque l’on creuse un peu, il est assez facile de s’apercevoir que de telles façons de voir, ne fait que renvoyer exclusivement à la personnalité de chacun, à des « mentalités » si vous préférez. Chaque individu restant cramponné dans sa position souffre d’intolérance à l’égard de ce qui est différent. Je ne dis pas qu’il faut être « tolérant », ce serait pire. Cela reviendrait à se considérer comme supérieur. Être intolérant est très différent, cela signifiant la peur et l’incompréhension ! Le rejet, mais de quel droit ? Je sais, il ne suffit pas non plus de permettre toute sorte de nouvelles folies provoquant les débordements que nous connaissons dans les quartiers défavorisés, menaçant la communauté et les principes de citoyenneté. La question est de savoir où placer le curseur face à ce qui menacerait, éventuellement, voire sûrement, la cohésion sociale. Cependant, nul ne sait ce qui est ou non profitable à une civilisation en termes de novation, d’inventivité, de révolution. Voyez lez ravages de la technologie, mais aussi les bienfaits qu’elle apporte. Juger sans savoir c’est prendre ses responsabilités lorsqu’il se peut que sous prétexte d’une angoisse face à l’inconnue, on puisse engendrer le pire ! Je dis que se comporter de la sorte, c’est ne pas tenir compte de la réalité, c’est aussi peut-être avoir besoin d’aide psychologique…

En l’occurrence, l’affirmation que vous soutenez ne peut tenir que si je conçois l’Univers tout entier comme des agencements d’atomes et de molécules formant la Terre et ses habitants, selon un plan structuré des particules de matières physique… L’âme, vous la disposez en un autre lieu car, selon vous elle est détachable, survivant au corps – ce que je respecte et conçoit d’une toute autre manière. Ce qui est étrange selon la source religieuse, c’est qu’elle peut être détachée avec la mort, elle est également ailleurs ou autre chose lorsque nous vivons. Ce qui est faux, je puis vous l’affirmer ! C’est l’endroit où vous puisez l’élément qui me fâche le plus, à savoir que, pour le même coup, on ne décide pas d’être lesbien ou lesbienne ! C’est Dieu ou alors un Carma…, qui en serait la cause efficiente. Avouez que cette conception est assez étrange, surtout qu’elle ne règle que partiellement les problèmes de l’angoisse, de laquelle les êtres humains restent tributaires. Ce qui reste difficile à entendre avec ce propos que vous tenez c’est que, du même coup, vous détenez un pouvoir !

Par ailleurs, que voudrait suggérer l’avis selon lequel  un petit garçon ou une petite fille aimeront, à leur vie adulte – ou déjà enfant, un être du même genre, et ce en raison de ce qui leur aurait été transmis par leurs parents respectifs ou l’éducation reçue – toujours au point de vue du corps (profane par opposition au sacré !). Au même titre, ce qu’il ou elle aimera va dépendre entièrement des caractéristiques formant son cerveau – à en croire les mesures psychiatriques. C’est en ce sens que l’on imagine être dans l’incapacité de choisir ce qu’en l’état est davantage subit que de l’ordre d’une volonté individuelle. A contrario, il est certain que faire intervenir la volonté consciente pour l’orientation sexuelle reste un argument exagéré !, je vous l’accorde. Mais dire qu’on ne décide pas ne veut pas dire n’avoir aucun pré-requis issus de notre personne. Celle-ci n’étant autre chose qu’une entité vivante inscrite dans un complexe socioculturel, un type morphologique, une époque, et le désir de se constituer en tant que sujet.

Ce point est difficile à comprendre si, évidemment, l’on fait de cette personne une entité simplement consciente de ce qu’elle est, sachant pertinemment quels sont les tenants et aboutissants de sa constitution ! Il est inutile d’insister sur cette croyance en laquelle chacun saurait qui il est et pour quelle raison il est ce « je ». Ma personne est plutôt l’objet d’un être inscrit dans un milieu, un environnement qui ne lui est pas si extérieur qu’on pourrait le pensée.

Mais là où cet aspect nous surprend encore plus, c’est que même les dispositions de son corps sont à la fois – et j’insiste là-dessus -, lui appartenant comme ne lui appartenant pas. J’explique. Je suis blond, de telle taille, la couleur de mes yeux, mais aussi la morphologie de mon corps, m’auront été attribués. Si l’on descend dans la genèse de ce corps, on trouve sans doute un aspect physique proche de celui de mes géniteurs, voire de mes ancêtres. Mais on situe également cette morphologie qui, d’une manière plus générale, fait que j’appartiens à la catégorie des humains.

C’est ainsi que la forme de mon cerveau, de mon corps tout entier a des aspects ressemblants à mes autres semblables, bien que chacun saura se définir d’une façon plus singulière encore. A un niveau plus inférieur, c’est-à-dire invisible et non plus pour ce qui est des apparences, cette forme qui caractérise le corps de chaque espèce laisse observer certaines aptitudes, des fonctions et dispositions permettant de vivre, de se reproduire, de satisfaire à la conservation de l’espèce jusqu’à ce que se produise les mutations génétiques telles qu’on les aperçoit dans l’histoire de notre monde.

Par conséquent, on observe chez d’autres mammifères d’autres types d’attitudes, foncièrement différentes de celles observées chez l’être humain, bien que répondant à d’autres exigences tout aussi fonctionnelles et opérationnelles pour vivre. Descendant encore à un niveau toujours plus bas, les articulations de l’organisme offrent un merveilleux panorama, incluant à la fois ces fonctionnalités et la découverte, l’adaptation spécifique au milieu correspondant à chaque être vivant et selon les propriétés dont ils dispose. L’être humain comme tout être ne fait pas qu’obéir à de telles dispositions, autrement il y  aurait une finalité dans la nature. Or, le vivant ne pourrait pas évoluer s’il y avait une finalité dans la nature ! C’est pourtant la thèse défendue par tout principe religieux…

Par là, mon corps m’appartient, y compris les qualités psychiques et morales par lesquelles je me suis introduit dans un monde social et culturel. L’homosexualité n’est pas contre nature, elle apparaît dans un contexte où l’on ne peut pas retenir seulement la dimension physique de l’être vivant que nous sommes. C’est une des qualités de l’âme aussi envisageable que l’hétérosexualité. Ce que nous ne pouvons comprendre que si l’on accepte de considérer l’espèce humaine comme un animal qui s’est développé selon plus d’autonomie de ses tendances affectives à l’égard des fonctionnalités du corps. Ce qui nous lie à l’animal, c’est qu’il s’agit d’une intensité, d’une quantité plus grande de son âme par rapport aux autres règnes.

Ces derniers ne sont par d’ailleurs dépourvues de celle-ci, restant parfaitement capable de modifier leur comportement vis-à-vis du milieu, mais cette autonomie reste encore relative aux fonctions du corps organique tout entier. Affirmer une différence radicale à ce niveau avec l’être humain, c’est nous rendre faussement supérieur en acceptant qu’une finalité, un destin, une fatalité reste indépassable. Le problème soulevé, c’est que la religion se contredit, voulant catégoriquement que l’on soit supérieur aux autres règnes, d’une part ; tout en insistant sur cette finalité indépassable ! Par cet argument, il est évident que l’homosexualité est perçue comme une abbé…ration…

Notre culture a beaucoup de mal à résoudre cette énigme, car nous pensons fortement, et ce malgré nous, à un principe dualiste : où l’on voit d’un côté le corps, de l’autre l’âme, l’esprit. Par là nous demeurons religieux à notre insu. Si maintenant l’on conçoit les choses autrement, on chassera immédiatement la tolérance qui mine l’incrédulité. Car cette tolérance est une hypocrisie : faisant qu’on les admet à nos côté (ces homo !), sous prétexte qu’ils ne sont pas dérangeant (les gays mais aussi les étrangers, ceux pas comme nous…), sans pour autant érailler les représentations que l’on continue de se faire à propos des une et des autres. Le mieux serait de véritablement comprendre qu’il n’existe pas de dualisme, de séparation entre l’animal et l’homme, entre les cultures, entre mes tendances et d’autres que moi, auxquelles je ne me reconnais pourtant pas vraiment. Ce qui suppose un effort long et assez difficile, il faut bien l’avouer.

Or, j’entends bien que l’on me traite de dualiste, car je semble séparer un « en soi » qui serait une pureté de l’être lorsque je reconnais dans ces attitudes connotées d’étranges une forme d’acceptation à laquelle chacun devrait se conformer. Mais il n’en est rien. Chacun suit sa propre voie, la non acceptation fait partie du jeu : il en faut. Leur itinéraire de vie sera ce qui en sortira, je ne juge pas. On dit que cela concerne l’humanité tout entière, notre progéniture, par exemple pour ce qui rapporte à l’écologie), etc, je suis d’accord. J’aimerais juste ajouter que cela concerne tout également l’individu, son mode d’existence et tout ce qui s’y rapporte va avec la manière dont chacun entend ces phénomènes, ses comportement, son attitude et ses idées vont de pair – rien n’en est dissocié. La véritable question est de savoir : qu’est-ce que le bien, qu’est-ce que le mal ? Cette question, vous l’avez compris certainement depuis fort longtemps, elle reste énigmatique, elle est éternelle et philosophique. Le seul problème, c’est que vous y répondez, soutenant ne pas juger !

En définitive, il subsiste une part de moi-même, qui n’est sans doute pas un pur choix, dans l’itinéraire qui m’échoie. Introduire une quelconque séparation reviendrait, en revanche, à ne pas accepter cette part de moi-même comme telle, inconnue, c’est chasser ce qui constitue ma nature, mon intimité propre en rejetant, par la même occasion, les autres par leur différence !! Admettre des pratiques et les désirs qui ne sont pas forcément ceux que je partage volontiers, c’est au contraire comprendre mon appartenance à un monde qui me transcende. Ce processus semble un peu bizarre, non, vous ne trouvez pas ? Si vous cherchez cette transcendance, cet au-delà, il est ici dans cette dynamique immanente, c’est tout juste devant nos yeux qu’elle se trouve.

 

 

 

Très amicalement,

Grégory Van der Schuren

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